dimanche 4 mars 2012

Dark Ages - The Tractatus De Hereticis Et Sortilegiis

Dark Ages est un peu le groupe incontournable du dark ambient. Son leader, Roman Saenko - entre autres l'homme derrière Drudkh - nous a gâté de deux disques. Gâté, car Twilight Of Europe et A Chronicle of the Plague sont simplement des bijoux du genre. Mystiques, sombres et totalement dans l'ambiance du XIVe siècle, époque où frappa la pandémie de la peste noire, les disques furent durs, profonds, et mortifères. Le sujet principal de Dark Ages étant justement cette infecte maladie qui fit vingt-cinq millions de morts, ainsi que la magie noire. En résumé, une ambiance imprégnée d’œuvres comme Le Nom de la Rose (Annaud), ou encore Det sjunde inseglet (Bergman).
C'est donc en juin dernier que Saenko fait sa nouvelle offrande, The Tractatus De Hereticis Et Sortilegiis.
Le "Traité de l'hérésie et de la sorcellerie".
L'univers ne change pas, toujours des claviers lents, profonds, ancrés dans un style d'orgue gothique. On se surprendrait à y trouver du Boëllmann ! Agrémenté de chants grégoriens de toute beauté, le disque est abyssal, noir et angoissant. Mais on regrette la pesanteur de A Chronicle of the Plague, période où la musique de Saenko nous faisait pratiquement sentir les cadavres en décomposition. Mais il faut reconnaître que c'est agréable et bien mené. Un petit voyage parmi les moines illuminés, l'inquisition, et, on l'imagine bien, quelques études occultes du Malleus Malleficarum.
L’œuvre est en fait très cinématographique. Rien que le livret nous le montre ostensiblement, avec des images tirées du Häxan de Christensen. Mais la musique n'est pas non plus sans rappeler l'atmosphère du film Black Death ("Peste Noire", justement), traitant de manière épique cette période sombre de l'humanité.
Chose qui m'a beaucoup plu, c'est la petite introduction à chaque morceau. Un petit bout de chant grégorien avant d'attaquer la froideur des claviers.
Dark Ages n'a pas changé de son, pas changé d'idée, pas changé de but. Il ne veut pas affecter, mais infecter.
Voilà pour les bons côtés.

Mais on le sait, depuis quelques temps, Saenko fatigue. Entre la bouse Old Silver Key et les derniers Drudkh, lamentables, on sent que le bonhomme fatigue. Et à vrai dire, ça transparait aussi dans ce Tractatus.
Dark Ages ne nous avait jamais déçu, mais il faut une première fois à tout. En fait même le son a perdu de son ardeur. Avant, le clavier était assumé. Reverb', petites excursions limites psychédéliques (Dreams in yellow)... Mais dans cette nouvelle offrande, le délire part trop en "religieux". Et c'est un terrain glissant. Le synthé veut se la jouer orgue, mais il n'en a pas les anches. L'album se voudrait être un équilibre entre la contemplation de la toute-beauté de la religion et de ses côtés sombres. Mais où est passé le "Birth Of The Antichrist" d'antan ?! Il faut laisser la dualité occultisme/religion aux compères de Funeral Mist, qui font ça beaucoup mieux dans leur genre.
Par ailleurs, malgré le fait que l'album soit relativement court (une quarantaine de minutes), on s'embête. On s'ennuie, même. Répéter des loops pendant quatre minutes, c'est bien joli, mais le loop a intérêt à être assez conséquent. Ce qui n'est pas le cas.

Pas assez noir, pas assez plombant, pas assez inspiré. Ce nouveau Dark Ages a des côtés sympathiques, mais mieux vaut regarder les films cités dans cette chronique. Le moment sera meilleur, vous en apprendrez plus, et peut-être même que la musique y est plus belle.
Dommage... Espérons que Saenko se reprenne vite. En attendant, recueillons-nous.


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