jeudi 15 mars 2012

Hanetration - Tenth Oar

Hanetration n'était pas ma priorité quant aux chroniques. Je dois bien reconnaître que je l'avais même mis en bas de ma to-do-list (les démos affluent!). Mais je n'ai pas résisté, et j'ai posé une oreille dessus, histoire de voir ce qu'était réellement ce petit EP. Et me voilà. Je n'ai pas résisté...
Tenth Oar, c'est du glitch, du collage sonore, de l'ambient. Vous avez lancé de la musique pour radiateur et un petit Chopin en même temps, sans faire attention. Mais là, sans crier gare, l'ordinateur plante. Le son se met à déconner sévère. Au lieu d'une belle pièce de piano, c'est la même note qui se répète inlassablement. Derrière, votre musique à radiateur s'emballe, elle loop à fond les ballons. Allez savoir pourquoi, votre cerveau plante aussi. Vous passez en automatique. Le petit groupe qui joue dans le metro semble à l'arrêt. Le bruit des escalators est plus fort que la cornemuse du type du milieu. Les yeux dans le vague. Et toujours ces glitch.
Puis vient la nuit, sans crier gare. Marchant seul au milieu de l'autoroute, à l'entrée de la ville. Les lumières bleues, et rouges qui forment des fils incandescents. Les lampadaires, et leur lumière jaune-floue. Le bruit des pas, des bombes de tag. Le bruit des murs qui crépitent, celui des voitures qui passent en coup de vent. Toujours les yeux dans le bleu azur de l'horizon. A peine assombri par la tonne de carbone rejeté par les voitures. Tout est gris, sauf leurs phares. Mais déjà, tout est noir. La petite mélodie s'enfuie. Je crois m'être endormi sur l'autoroute, après que le semi-remorque m'ait percuté.

Élégant mix d'éléctro, de field-recording et de drone ambient, Tenth Oar ("la 10e rame") transporte l'auditeur dans un décor à la fois onirique et urbain. Les banlieues de Londres, ou l'entrée de Paris, quoi qu'il en soit, c'est une musique nocturne. Les instruments sont retouchés, noyés dans un océan de petits bruits fins, d'ambiances sibyllines et de bruissements secs à la Alva Noto - seulement pour ces petits bruits, entendons-nous bien, comme ceux sur Rufus.
Plus le EP avance (et il avance vite!), plus on s'enfonce dans ses pensées, plus on est tenté de se pencher au balcon, de fixer ses yeux sur une façade d'immeuble et de se griller une cigarette. Ode à la marche dans les rues, à 4h du matin. Tout le monde dort, mais nous, on écoute Hanetration.
On pense rapidement à Burial pour ce côté gris et pluvieux. Sans compter les similitudes dans les sons. D'ailleurs, même si les deux groupes sont bien loin l'un de l'autre, il s'en dégage bien la même odeur : celle de la vapeur de CO2.

Très bon début pour Hanetration. En espérant qu'une petite tape, ou pourquoi pas un CD verra le jour sous peu ! En attendant je vous invite à l'écoute :


Pour vous, âmes perdues.

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