dimanche 22 avril 2012

M.J.Tapscott & A.Kenower - Good Morning, Africa

 Le petit nouveau de chez Bookmaker Records est un mélange obscène entre Folk et Ambient. Oscène, oui, c'est le mot.

M.J.Tapscott, c'est monsieur Odawas. Et c'est en sachant ceci que l'on comprend d'où vient le côté pop-rêveur du disque. Tapscott s'occupe de la naïveté de la pièce, tandis que Andrew Kenower s'amuse à déployer des draps de field-recording, d'ambient et de délicatesse.
Tapisser ainsi un travail musical est un travail d'orfèvre.

A l'image de la relation cover-titre ("Good Morning, Africa" avec des manchots et des couleurs froides...) l'album est décalé.
Trente-cinq minutes totalement à côté de la plaque.

Tout ceci, l'univers de cette galette, me fait penser à un arc-en-ciel (encore un coup de la cover ?). Coloré, lointain, objet de désirs et d'admiration béate sans que l'on puisse y poser des mots. Une bijou pluvieux, mais réjouissant. C'est touchant.
Et un arc-en-ciel n'est jamais seul. Il est toujours accompagné d'un second. Et ce second, c'est les moments de réécoute. Autant un disque de Folk, je le passe une fois et je m'en lasse tant c'est "simpliste", autant ici la collaboration fait des merveilles. Beaucoup de sons. Vraiment beaucoup, ce qui permet de revenir après une dizaine d'écoutes tout en s'émerveillant autant sur les nappes abîmées de The Polo Ground ou sur la moiteur digne d'une mousson sur Who'll Stop the Rain. Et c'est un atout.
D'autant que c'est admirablement bien mixé (James Plotkin...). Tout feutré, discret. Aucun instrument ne bouche l'autre. Au contraire, c'est doux. Les petites réminiscences '70 revues façon XXIe siècle bien sombre passent sans problèmes, tant et si bien qu'une autre collaboration m'est venu à l'esprit, celle de Catherine Ribeiro + Alpes. Au niveau musical en tant que tel, pas tellement de comparaisons possibles. Mais au niveau de l'atmosphère, c'est un peu ce que ça donnerait modernisé et passé au filtre de l'ambient. Un disque proto-hippie, inclassable.
Car on a à la fois ces côtés "chansons qui restent dans la tête", mais aussi le fait qu'on ne pourra jamais le chanter comme du Ribeiro justement. La musique est trop floue pour ça.
Astucieux mélange pour faire revenir sur ses pas l'auditeur...!

Un album à la fois structuré et déstructuré. Troublant car il est paradoxal sans être manichéen. Sincère, nostalgique, authentique.
Un album timide, émouvant.
"Good Morning, Africa" se passe de tout égo. C'est une canalisation d'émotions, et l'humain étant de nature assez complexe, d'émotions qui peuvent se révéler contraires. On passe de la pluie au beau temps, de l'abstrait au concret, de l'ancien au nouveau. Une contradiction que l'on aimerait peut-être un peu plus poussée. Mais n'est-ce justement pas là tout le charme de l'album ? Le fait qu'il n'ose pas.
Encore une fois cette timidité.
Une très belle aventure hors du temps, avec quelques rappels à la réalité, comme si on était soudainement passé de l'autre côté du miroir.

Pour acheter c'est sur le site de Bookmaker !

Mastering by James Plotkin, dudes!

petit lien pour le bandcamp de bookmaker qui livre des choses intéressantes

2 commentaires:

  1. En plus de toutes les qualités qu'on peut trouver à ce post (l'article, la plume, le disque, la magnifique musique...), je dis merci pour la découverte de Ribeiro+Alpes (il n'est jamais trop tard) !!!

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  2. Merci beaucoup pour le, et même les compliments !! Très heureux d'avoir pu te faire découvrir Ribeiro. :)
    "Paix" est vraiment un super album. Puis tu as bien de la chance au final, de découvrir, j'aimerais bien me reprendre la baffe de la première écoute haha !

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