vendredi 28 décembre 2012

Abet Cuces ruins your ears since 361 days

  Mes amis, l'heure est grave. Il est 01h02 du matin, et l'heure est grave. Cette félonne s'est accordée en drop D, et toutes les montres sont molles. L'heure est grave.

- Mais pourquoi ? Pourquoi, grand Maître? s'écria la foule en folie

Car j'écris ici et maintenant le centième billet d'Abet Cuces.

C'est aussi dans quelque jours les UN AN du webzine !

Suite à cette grande séquence émotion, à l'heure grave, mes amis, je vous annonce différentes choses à venir :





- Tout d'abord la migration possible voir probable dans les prochains mois d'Abet Cuces sur un domaine .com, mais aussi l'achat d'une machine à coudre les patchs et découdre les vêtements pour devenir le petit crust punk de mes rêves.
- Toujours plus de folies auditives pour les prochains jours avec le Saåad nouveau (ambient / drone), un live de KILLL (croisement bâtard entre Dødheimsgard et Darkspace conçu dans une rave-party), de la world music obscure, et beaucoup d'autres cochonneries.
- Une / des interview(s) décalées ainsi qu'une section dédiée aux mixtapes
- Et ça commence à faire beaucoup pour un seul homme, tout ça.

Alors nous y voilà. Un an, 100 articles, plus 15.000 visiteurs uniques... merci à tous !
Merci à ceux qui me lisent, aux labels qui m'envoient beaucoup de promo de qualité, merci aux groupes qui me soutiennent, ainsi qu'à mes proches. Merci aussi à ceux qui me crachent dessus, même si ils ne se bousculent pas au portillon, ces bestiaux là.
Je vous invite aussi à soutenir le zine sur les nouvelles pages facebook et twitter, qui sans en avoir l'air sont très importantes :

FACEBOOK - TWITTER

Mais assez de démagogie comme ça. Je pars quelques jours et vous laisse donc entre des mains aussi bonnes qu'odieuses qui vous corrigerons de toutes vos âneries, bande de sacripants :


Bien à vous,
Cleister Arowley

jeudi 27 décembre 2012

The Fiend Tape :: Mixtape


Download HERE for free
Après la Heinous Tape, c'est encore un peu les fêtes sur Abet Cuces. Ce 99e article va enfoncer le clou qui avait déjà bien entamé vos oreilles il y a quelques jours. The Fiend Tape est plus qu'un petit revenez-y, c'est deux autres heures de Black Metal tiré par les cheveux, noir à en faire pâlir le néant et possédé comme les zombies de Braindead.

Tracklist :

1) Sönderriket - Skymningssaga för Canis Lupus
2) Arborist - Total Entarchy
3) Urfaust - Verflucht Das Blenden Der Erscheinung
4) Menace Ruine - Salamandra
5) Murmuüre - Amethyst
6) Alpha Drone - To Take Earth Back from Man
7) Sutekh Hexen - Isvar Savasana
8) Amocoma - Unending
9) Brobdingnagian - My Mouth Tastes Like Blood My Blood Tastes Like You
10) Failure Ritual - Failure Ritual
11) 폐허 - After The Aliens
12) Rhinocervs - Untitled (from RH-12)
13) Mosaic - Creator of the Stars
14) Circle of Ouroborus - Skyline Painter
15) Nuit Noire - Seed of Light
16) Pasteles -

mercredi 26 décembre 2012

Innercity Ensemble - Katahdin

S'adonner au petit plaisir de rejoindre les abonnés absents. L'isolation. L'isolation!

Dans les forêts, qu'elles soient de l'Est ou d'Amazonie centrale, une chose perdure, une émotion qui ne s'éteint jamais. Cette sorte de peur au ventre que l'on a en y entrant. Car tout vit, tout s'anime sans bouger, crépite sans flamber. Un loup ou un boa derrière chaque arbre, paré - et cet énergumène en pagne arrivant de nulle part et lui soufflant une fléchette imbibée de neurotoxine entre les deux yeux.
Mais pourtant... pourtant il neige !
Impossible de quitter son petit cache-sexe rouge dans cette immensité verte enneigée. Le sol et les caillasses sont noires, les enjamber est un effort de chaque seconde. Chaque pas me fait mal et je finis par retirer mes chausses. Ils sont là, sur les cimes. A courir sur la canopée gelée. Les percussions et les flûtes me semblent à présent magiques, mais je doute tout de même pouvoir déjà entr’apercevoir les déesses ancestrales qu'ils prient. Pas de chants - seuls des rythmes et des cornes au gré des vents. Qu'aurais-je donné alors, à ce moment, pour retrouver ma New-Orleans natale ?
Je fermais les yeux et déjà, leur étrange rite s'agrémentait des saxophones que rejouait ma mémoire maligne. Le goût de blé cru m'envahit la bouche et je me réveillais en sursaut. Ces gens étaient hors du temps et de l'espace.

L'Innercity Ensemble n'a d'urbain que le métal des cuivres. Le Jazz tranquille taille son chemin parmi d'étranges sonorités électroniques presque futuristes, sur fond de didgeridoo et de percussions réverbérées. On s'éloigne pas mal de tous les clichés de genres et de styles pour se retrouver perdu quelque part, entre la chaleur, l'humidité, la neige et l’ascenseur d'un vaisseau spatial. Un trip trop court qui tape dans les tripes.

Ce Katahdin me rappelle sous certains aspect la magie païenne de The Wicker Man et du travail culte de Paul Giovanni sur sa BO, tout en y incorporant des éléments modernes et d'improvisation. Les sept polonais derrière ce projet se seraient retrouvé à Bydgoszcz pour enregistrer cette courte merveille, où se mélangent electronique, guitare, trompette, flugelhorn, gongs... dans une espèce de continuité et de calme excité. A croire que Milieu L'acéphale est LE label à surveiller en ce moment !
Un vrai régal, tout aussi ovni-esque qu'un bon vieux Tartar Lamb!

mardi 25 décembre 2012

The Heinous Tape :: Mixtape

Download HERE for free
Paraît-il que c'est Noël. On m'a dit que c'est une période de fêtes. 
Je n'y crois pas tellement, mais allons, voici ma modeste offrande.
The Heinous Tape regroupe, selon mon jugement totalement impartial, les meilleurs projets de Black Metal barrés / bizarres / weird au plus grand malheur des petits et des grands.
C'est gratuit, aguichant, mais la question est : oserez-vous ?

Tracklist :

1) Decline of the I - L'indécision d'être
2) Stagnant Waters - Of Salt and water
3) Servile Sect - Privateer
4) Smohalla - Oracle rouge
5) Mamaleek - My Body Rock Long Fever
6) Qwertzuiop - XIV
7) Situs Magus - Oeuvre au Jaune
8) Panopticon - Bodies Under the Falls
9) Law of the Rope - Castles Made of Men
10) OEDE - Soper Hver En Krok
11) GGUW - Untitled
12) Kuxan Suum - Kinich Ahau
13) Yøga - Encante
14) Book of Sand - Failing through the Firmament
15) Dødsengel - Sun on Earth
16) Aluk Todolo - Occult rock V
17) White Moth - The sea was blue meadow
18) Zweizz & Joey Hopkins - Smash, Politics, Gag
19) La Secte du Futur - Gilles de X-Ray (Yussuf Jerusalem Cover)

vendredi 21 décembre 2012

Greyghost - Memoirs of Dementia

'Stay true to yourself; trust your intuition; use your head; 
all of these self-empowering mantras turned to nothing but platitudes.'

Les entrailles de la démence guettent, les yeux exorbités. Sortant des tripes de la terre comme un coutelas perçant vos os - atteignant et sectionnant maintenant les synapses. Peut-être le ciel un jour, s'ouvrira. Peut-être n'est-il qu'une paupière fermée. Qui n'a jamais rêvé de voir le ciel ouvrir son œil, et se perdre dans sa pupille titanesque. Sûrement est-ce encore plus agréable que de se noyer - dans les yeux aux couleurs d'étouffement de cette magnifique créature, que vous ne pouvez chasser de votre tête. Elle est là, la démence. Le décès des folies préconçues. Hors du monde et hors du temps - je me demande ce que vous pouvez bien penser. J'aime voir les choses se répéter. Les gens qui entrent et sortent des bouches de métro à n'en plus finir. Indistinctes - leur apathie sonne comme un rayon amer et magnifique en moi. Les mêmes nuages recouvrir les villes et les mêmes câbles électriques alimenter nos ruches. Je suis certain de pouvoir entendre le courant crépiter dans les fils, attendant patiemment le malheureux couple orage-arbre dans le but de se faire couper.
L'agitation est à son paroxysme autour de moi, et j'aime à penser que je flotte. Trop captivés par leurs propres chaussures, ils ne me remarquent pas. Trop enfoncé dans ma tête, je ne le remarque pas non plus. Mais je me demande, souvent. Ils partent s'écouler dans leurs vies respectives, plus personne ne m'entend crier au calme, et dégueuler la contemplation. À l'arrivée, nous ne sommes plus que des mémoires. Et ces mémoires, inexplicables car nous sommes trop occupés à tuer les rêves qui envahissent notre cerveau au bord du gouffre, s’éteignent avec la dernière trace soupirée que nous laissons : une fine expiration.


Écouter Greyghost, c'est s'attaquer à l'ambient éthéré et atteindre un genre de pureté truffée de grésillements. Calme, lent et improvisé, l'artiste 36 m'est venu très rapidement à l'esprit, partageant beaucoup de sonorités avec greyghost. "Memoirs of Dementia" est un cri, ralenti à l'extrême et transformé par je ne sais quelle tour de passe-passe en musique. Mélange entre souvenirs familiaux, nostalgie et curiosité étrange de la démence sénile, on ne sait plus trop où se mettre. Si ce n'est quelque part entre les sons de cette magnifique tape qui s'exprime de manière très singulière.
Streaming exclusif !! Je vous invite aussi à regarder attentivement le CLIP de l'un des titres fait par Sarah Zucker.
"À écouter en profitant d'un café-clope à l'aube ou avec une coupe de thé au crépuscule, en contemplant l'univers" m'a dit Brian Griffith. Eh bien je vous le recommande.
K7 limitée à venir chez Constellation Tatsu.

mercredi 19 décembre 2012

Chasms - Fire :: Mixtape

Download HERE for free

 Première réelle mixtape sur Ambient Churches. Cinquante-huit minutes d'electro, de noise et autres étrangetés ethniques plus ou moins soft qui feront croustiller vos enceintes pour Noël.
Au programme de cette mixtape Chasms - Fire :

1) Vampire Slayer - Window Peeping
2) Theo Bass - Mr.Stellakis
3) Ixtar - Amulet
4) Jahiliyya Fields - Servant Garden
5) Harmful Logic - ♡ > $
6) Theologian - Bed Of Maggots
7) Burial Hex - Go Crystal Tears
8) S/V\R - Les mains qui corrigent
9) Satori -  Mali Rain
10) Eternal Zio - 06

mardi 18 décembre 2012

Felt Collective : Double article

Felt Collective, ça ne vous parle pas ?
Et pourtant, indirectement, j'en ai déjà parlé ici avec l'étrange sortie de Golders Green du sieur Byron, homme à tout faire du Felt.
Commençons avec l'aventure acidulée que constitue Software Wolf.

Spit & Image crache effectivement beaucoup d'images à la figure. Diluées, des loops dans tous les coins, le style qui acidule une cellule de prison et fait déconner l'espace-temps. Le rose bonbon coréen frappe, unilatérale. Spit & Image parle, vit, et nous voilà spectateurs d'une scène colorée, vivifiante comme un vent d'hiver qui remonte d'un tas de feuilles mortes. Il tourbillonne et bouillonne, impatient de crier lentement une douleur qui vire au sourire. Les moments perdus dans les transports en commun, à semi-conscient, la musique comme un voile sur les paroles des gens. Software Wolf met un peu de colorant auditif sur ce voile, qui se transforme en tapisserie brouillée, volatile et pleine de petits rythmes grouillants. Les crépitements de vinyles hantent les mélodies distantes.

Un train à vapeur part, et les gens parlent autour, de manière incompréhensible. Comme un canevas du départ. Et cet instant d’adieu, joyeux et déchirant, qui n'en finit pas. Le train se transforme en cuivre, tout comme les énergumènes qui m'encerclent. Allez savoir pourquoi, ces gens qui parlaient ne produisent maintenant plus que des paroles saturées. Surement ont-ils avalés des claviers analogiques, et déjà les voilà à faire de faux-contacts. Les chiens en laisses ont laissé place à des lits de fleures, aux tons tout aussi piquants que les sonorités sont sucrées.

C'est plus simple qu'il n'y parait. Imaginez My Bloody Valentine repris par SayCet. En Corée. Et peut-être encore plus propice au rêve éveillé.



Giovanni Lami (dont voici le travail photographique) et Ryan Connor - aka Sublamp, artiste de drone américain - arrivent sans préavis en livrant le chaos.
Les murs de guitares cristallins me font me sentir comme dans une cathédrale subissant un tremblement de terre. Les candélabres de verre accrochés au plafond vibrent et s'entrechoquent, alors que le séisme fait son possible pour mettre à terre les pierres posées les unes sur les autres, tenant comme par l'opération du Saint-Esprit. Le drone glacial arrive pourtant à réchauffer l'atmosphère translucide que provoque l'architecture de sable en fusion - et sous la froidure intenable les hallucinations auditive m'assaillent. J'entends mon sang qui s'écoule et les tissus scintiller, les notes du tremblement formant un gigantesque acrostiche dont je n'arrive pas à reconstituer le sens. Et le Drone vire en Doom, la glace en pierre, renforçant les voûtes et recouvrant les croix, statues et êtres. Et enfin le calme d'après la tempête. Reste ce magnétisme, irréel sûrement, mais qui me prend au tripes et m’inonde comme de cire.

עצמו - Lui-même. J'infuse dans ce calme, métamorphosé en un agréable acouphène. La surdité s'efface alors, laissant renaître les êtres et les âmes statufiées. Les bestioles ont envahies le lieu, et ré-instaurées une implacable loi : la Vie - et l’appétit, en goûtant la cire qui me recouvre. Impossible de se repérer dans cet enchevêtrement de briques de glace mais le vent me porte à l'oreille ces froissements d'ailes électriques. Certainement quelques insectes nidant ici et là. Au loin il fait sombre, bien plus sombre que sous les derniers rayons froids dont je profite. En me tournant, je réalise être à côté d'une rue passante. Je suis invisible. Dans mon beffroi. Je suis invisible et ils discutent, marchent, sentent les épices et les fruits. Je suis ailleurs. Je suis invisible. Il le sait. Je suis invisible.

Soundcloud pour le stream intégral du split.

lundi 17 décembre 2012

Ilyas Ahmed - Naqi

CDr comme à son habitude, Ilyas nous transporte dans un monde à la fois glacial et désertique, Chelsea Wolfe-isant, où la guitare s'enflamme et le chant crache la bile. Dans une simplicité analogique débilitante, il nous emmène – sans nous prendre la main toute fois – dans un Moyen-Orient fantasmé, sur des souvenirs fumants, emprunts de rituels inachevés, et des bêtes qui n'ont finalement pas été sacrifiées. Entre parole et chant, chien et loup, il nous berne tout au long de l'album, dans une folk de fin du monde dont nous autres, hères, prenons un malin plaisir à nous en délecter. Naqi me ferait penser à un sentiment assailli soudainement de tristesse, qui se plaint, se débat mais survit dans quelques soubresauts de joie.
Les lèvres rougeoyantes qui courent sur les cordes tranchantes de la guitare, parcourant le manche sans s'arrêter de se couper. Quelques papiers découpés de magazines et collés sur la caisse de la 6-cordes. La langue entre le Mi et le La, se balançant. Les dunes salées réveillent la douleur des coupures, mais elle oublie, elle oublie. Elle contre le poids du ciel avec ses quelques notes. 
"All my gulls have taken flight; they will no longer roost on these outcrops."
Au cœur du désert, amer, plaintif, à vous perdre dans les drones et les tempêtes de sable, vous croiserez sûrement un mirage d'Ilyas Ahmed. Jamais réellement présent, jamais réellement absent – le feutre enflammé de sa guitare tirant au ciel les quelques dernières stries de couleur jusqu'à le rendre monochrome. Il implorera les nuages de vous encercler et les djin de vous jouer des tours. Dès lors, plus rien à faire qu'une crise de lente épilepsie au rythme des accords, et de suivre ses cordes vocales, chemin direct vers un rassurant Acheron. La folk lo-fi d'Ilyas est loin d'être passée inaperçue, mis à part ce disque qui a très peu fait parler de lui. Et pourtant, ce petit CDr est passionnant du début à la fin, entre des rythmes du moyen-Orient et un rock / folk poussiéreux, chaud et rêveur. La guitare électrique tout juste saturée se trouve parfois retournée, ce qui donne des solo hors du temps, hors du monde, presque comme des cordes frottées. Au delà de l'instru, Ilyas Ahmed a bel et bien gardé sa voix envoûtante et déformée, analogique à souhaits, peut-être ici plus encore que sur les autres albums. Naqi est un vrai vitrail : travail d’orfèvre, aux couleurs chaudes, mais qui peut se révéler glaçant au bout d'un certain moment.

lundi 10 décembre 2012

Rétrospective :: Anno MMXII

C'est la grande mode de faire des Top de l'année dans les zines, qu'ils soient web ou papier. Top de la rédaction, top des lecteurs, top tip top j'en ai marre, sérieusement, c'est nul et il faut bien le dire. Personnellement je n'ai jamais trouvé mon bonheur dans ces rubriques de fin d'année qui sont un peu des cadeaux empoisonnés pleins de trucs et de machins qu'on connait déjà, ou qui sont au final bien surestimés.
La recette du 'Top musical' faite d'un quart de connerie, d'un quart de bêtise (et pas celles de Cambrai), d'un quart de mauvais goût pour finir sur un autre quart de connerie n'aura pas sa place sur la table (d'autopsie) d'Ambient Churches.
Ici, place à l'inconnu. Les liens en bas des articles sont pour le stream - parfois avec l'album en intégralité.
Voici donc un petit tas de choses dans le désordre le plus total qui ont marqué cette année bissextile mais dont tout le monde s'est éperdument foutu.
"Entrez de votre plein gré, entrez sans crainte et laissez ici un peu du bonheur que vous apportez !"

RÉTROSPECTIVE IMPROBABLE


- Stara Rzeka : Cień chmury nad ukrytym polem
Je commence avec un petit bijou qui n'est pas encore sorti, donc je commence mon tip-top-trop-bien 2012 avec un truc qui, du coup, n'est pas de 2012. Quoi qu'il en soit, Stara Rzeka est l'un des groupes de "Black Metal" dans lequel je mets le plus d'espoir. Ambiance magique et psychédélisme timide, un son aux petits oignons, authentique comme un vin bien foulé. C'est un énorme coup de cœur pour les deux chansons déjà dispo :
Tej nocy/Broń nas od złego // Przebud zenie boga wschodu

- 18+ : MIXTA2E
18+ c'est le couple dingue de l'electro, le truc qui transpire et inspire la déchéance, décadent comme pas deux, désabusé mais pas tristounet, qui sait rester beau, digne. Pour ma part je les trouve très proche de l'univers Coil. De la musick comme dirait l'autre. Le nihilisme urbain moderne qui se retourne en sortilège infantile et naïf. Niveau sonorité, les plus trend d'entre vous compareront ça à la collab Boody & Le1f, mais je trouve ça beaucoup plus poussé et original. Votre cerveau résistera-t-il au lent poison de 18+ ? Ben non.
MIXTA2E en téléchargement ici (gratuit / légal)

- Noir Noir : V.I.T.R.I.O.L.
Le genre de Rock joué dans une cave grouillante d'insectes, de cafards, entre la saleté et le salut. Impossible de mettre une étiquette ou même de réellement expliquer le son organique et enfantin, noirâtre qui coule dans le casque lors de l'écoute de ce V.I.T.R.I.O.L. Quoi qu'il en soit, on a affaire à un disque d'excellente facture - et la seule chose un tant soit peu comparable qui me vient à l'esprit serait Aluk Todolo, dans un genre bien différent certes, mais on y retrouve l'ambiance étouffante, Black / Rock fumant et ce côté touffu étrange.
How to become a vulture party

- Elements, Vol. I : Sun Hammer / Radere
Holyoak! Resounding frappe fort, très fort, aussi fort qu'avec leur première sortie cody yantis et nous produit un petit split d'une demi-heure qui nous montre avec excellence et délicatesse que l'ambient est bel et bien vivant. Une onde froissée, entre végétale et minérale, qui s'anime lentement, répétitive. Singulière, même. Un moment de calme et de beauté...
Elements

- Appalache : Sourire
Au moment où j'écris cet album vient de voir le jour et personne n'en parle encore, mais j'imagine que cela se fera bientôt. Tantôt souriant, tantôt pluvieux, tantôt carrément déglingué, Appalache verse dans le rock indie / post-blues / je m'éclate totalement, et ça fait plaisir de voir un vent de renouveau dans un genre que pourtant à la base je n'apprécie que peu. L'album est un peu retro comme il faut, on y trouve un sacré groove mais n'allez pas croire que c'est du petit rock radio-ready ! Les chansons Kiki ou Marie Meow viennent d'une planète lointaine, je vous le dis !
Marie Meow

- Meridian Brothers : Desesperanza
Musique du monde surréaliste de Bogota qui s'inspire de la salsa et de la musique tropicale pour en faire un vrai bordel psyché et bancal (dans le bon sens du terme). On retrouve une touche de surf music pour le côté ensoleillé et acide, mais c'est aussi assez sombre comme le laisse présager le titre avec des arrangements tordus et des sonorités toujours à la limite du dissonant. Un bad trip bien sympathique, perdu entre les années 50 et la musique d'avant-garde de nos jours.
En gros c'est excellent.
Salsa Caliente (Versión Aumentada) 

- Afghan Gold : R.I.P
Afghan Gold, c'est un genre de Doom sans guitares électriques, un truc traditionnel et rauque qui sort des caves de l'Afghanistan. Lo-fi folk style Ilyas Ahmed qui se met à déconner sec. C'est le truc tapis dans le sable, et qui prend aux tripes. A l'arrache, à l'arrache totale, avec sa gratte qu'il défonce et le flûtiste sorti de nulle part. Une beauté du moyen-orient passée inaperçue - une fois de plus.
R.I.P.

- Imiafan : Old School Surprise
Ici c'est ce que pourrait donner la pop en 2050. Le label a d'ailleurs pour maxime 'post-avantgarde pop for a pre-apocalyptic world'. Minimale et sombre, presque sans âme - en fait assez proche du travail de Haus Arafna. Une jolie folie analogique aux paroles empruntes de dadaïsme. La chanson 'The park' reprend d'ailleurs un texte de Tristan Tzara, grand propagandiste dada ! Imiafan a beau être froid, il sait tout comme Joy Division, entraîner, faire bouger.
You know why ! You know why ! You know why !
Old School Surprise

- Secret Birds : In Hex
Essayez de vous représenter un mix entre les sorties de chez Sonic Meditation et le travail d'Angus McLise sur The Invasion of Thunderbolt Pagoda. Avec sa dose de krautrock empâté et son petit côté percu sympathique, Secret Birds - dont on a bien trop peu parlé... - se taille une place de premier choix dans le rock psyché / choucroute / ambient floydien. Ce machin est juste dingue et audible pour tous, foncez!
In Hex

- Pierrot Lunaire : Theme for Ascension and Eternal Love
Celui-ci, je vous l'accorde, la presse musicale en a parlé. Mais finir sur ce délire sonore qui coupe et colle la musique comme on le ferait avec un magazine, des ciseaux à bouts ronds et une feuille de papier, c'est l'idéal. Un régal de collage qui mérite qu'on s'y penche, même si rebuté au départ par les grésillements en continu du son. "Take me with you" noie dans la reverb une voix hallucinée qui se mélange à du sax, puis l'instant d'après boum plus rien - ou plutôt si, on dirait un genre de bande originale d'un Disney d'époque. Encore un qui s'est sacrément perdu dans le temps, et ça mérite de s'y attarder.
Take me with you (excerpt)

samedi 1 décembre 2012

Cyril Diaz & His Orchestra - Voodoo 10" EP


Un bon coup de Calypso music ? Lecteur, bienvenue dans les Caraïbes! Trinidad, prochain arrêt.

Aux infâmes félons fêlés qui me lisent sans connaître le Calypso, voici un petit résumé du genre :

C'est avant tout une un genre Afro-caribéen, né à Trinidad-et-Tobago (l'île à bâbord !) au début du XXe siècle, mais son histoire remonte en fait à l'arrivée des esclaves africains dans les Caraïbes.
Interdits de parler entre eux, ils se mirent à communiquer par le chant puis par la musique. Alors que les colons français amènent le principe du carnaval sur l'île, les esclaves eux n'ont pas le droit d'y participer et créent donc leur contre-carnaval, le Canboulay. De fil en aiguille, cela a créé le genre Calypso - malgré des interdictions de jouer suite à des émeutes, et l’oppression des colons sur les esclaves, cela n'a en réalité que renforcé le besoin de jouer de la musique ! Puis vers dans les 30's - 40's avec l'arrivée de la US Navy, le genre s'est popularisé, et s'est imprimé dans notre culture, touchant de Tim Burton à Dizzy Gillespie - avec son magnifique 'Jambo Caribe'.

Cyril Diaz & His Orchestra c'est du calypso instrumental, inspiré tantôt de la musique hawaïenne, tantôt teinté d'arrangements cubains, pour finir dans la pure tradition du genre ("Serenal"). On se retrouve sous des tropiques abîmées avec un son bien métissé des années '50 qui donne une seule envie c'est de se lever et de danser avec ce rythme fascinant. Les percu enivrantes se mixent dans une orgiaque ensoleillée - sans agresser l'oreille de bonne humeur pourtant - alors que le lead cuivré a un tel groove que c'en est clairement obscène !
"Vodoo" c'est vraiment cette ambiance syncrétique, sincère, d'antan qui prend aux tripes et qui donne envie de briser ses chaînes et de s'agiter en chantant. Entre certains passages qui me rappellent du klezmer et d'autres un pur feeling d'Afrique noire, bordel on peut le dire, c'est un indispensable !
Tout simple et pourtant tellement emprunt d'une époque, d'une atmosphère et de sentiments. Les lignes d'instru s'envolent de partout, c'est absolument génial.
Cyril Diaz a cette capacité de rendre vivant tout ce qui vous entoure, d'un coup d'un seul !

Sorti chez Soundway, ltd.1500 pour une misère.