mercredi 26 décembre 2012

Innercity Ensemble - Katahdin

S'adonner au petit plaisir de rejoindre les abonnés absents. L'isolation. L'isolation!

Dans les forêts, qu'elles soient de l'Est ou d'Amazonie centrale, une chose perdure, une émotion qui ne s'éteint jamais. Cette sorte de peur au ventre que l'on a en y entrant. Car tout vit, tout s'anime sans bouger, crépite sans flamber. Un loup ou un boa derrière chaque arbre, paré - et cet énergumène en pagne arrivant de nulle part et lui soufflant une fléchette imbibée de neurotoxine entre les deux yeux.
Mais pourtant... pourtant il neige !
Impossible de quitter son petit cache-sexe rouge dans cette immensité verte enneigée. Le sol et les caillasses sont noires, les enjamber est un effort de chaque seconde. Chaque pas me fait mal et je finis par retirer mes chausses. Ils sont là, sur les cimes. A courir sur la canopée gelée. Les percussions et les flûtes me semblent à présent magiques, mais je doute tout de même pouvoir déjà entr’apercevoir les déesses ancestrales qu'ils prient. Pas de chants - seuls des rythmes et des cornes au gré des vents. Qu'aurais-je donné alors, à ce moment, pour retrouver ma New-Orleans natale ?
Je fermais les yeux et déjà, leur étrange rite s'agrémentait des saxophones que rejouait ma mémoire maligne. Le goût de blé cru m'envahit la bouche et je me réveillais en sursaut. Ces gens étaient hors du temps et de l'espace.

L'Innercity Ensemble n'a d'urbain que le métal des cuivres. Le Jazz tranquille taille son chemin parmi d'étranges sonorités électroniques presque futuristes, sur fond de didgeridoo et de percussions réverbérées. On s'éloigne pas mal de tous les clichés de genres et de styles pour se retrouver perdu quelque part, entre la chaleur, l'humidité, la neige et l’ascenseur d'un vaisseau spatial. Un trip trop court qui tape dans les tripes.

Ce Katahdin me rappelle sous certains aspect la magie païenne de The Wicker Man et du travail culte de Paul Giovanni sur sa BO, tout en y incorporant des éléments modernes et d'improvisation. Les sept polonais derrière ce projet se seraient retrouvé à Bydgoszcz pour enregistrer cette courte merveille, où se mélangent electronique, guitare, trompette, flugelhorn, gongs... dans une espèce de continuité et de calme excité. A croire que Milieu L'acéphale est LE label à surveiller en ce moment !
Un vrai régal, tout aussi ovni-esque qu'un bon vieux Tartar Lamb!

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