lundi 18 février 2013

Henryspenncer - Saturn

Quand tout se chevauche, alors c'est à ce moment que je me sens plus proche du sidéral que du sushi-bar de ma rue.
C'est tout d'abord le métro. Calme, et pourtant incroyablement mouvant. Des nuages de gens passent, s'en vont, repassent, et je ne fais aucune différence entre leurs visages. Je suis perdu dans ces vagues de lumières - qui sont en fait le résultat des reflets des lampes des tunnels sur les portes métalliques du transport en commun. Tout défile et je reste calme. En réalité, en quelques secondes à peine, les lumières stellaires souterraines m'avaient happées comme une lampe un moustique.
En y regardant bien (c'est alors que je suis prostré sur les portes du métro), des canyons se forment dans les creux des portes, entre le caoutchouc et le fer. Aveuglé je sens un odeur de poussière se frayer un chemin dans ma bouche - sûrement seulement le clochard céleste derrière moi. Le métropolitain devient alors un désert, mon désert, je ne veux plus y faire rentrer personne. Je bloque les portes et pris de panique cours dans la rame, change plusieurs fois de sièges comme zappant les planètes. Le désert est glacial. Je flotte. Les gens, en réalité, continuent de passer. Mais le clochard joue de l'harmonica. En fait, nous sommes deux à flotter, à dériver dans les grandeurs nocturnes de la ligne 3 - terminus Saturne.

Il s'est stoppé. Plus personne, cette fois. Plus même l'homme à l'harmonica. Plus de lumière. Plus rien, sauf les banquettes à demi-éclairées et les restes de traces de pas au sol. Je pense être dans la gare. Forçant un peu les portes, je sors, et à peine posais-je le pied au dehors que... rien. Et cette fois, je dérivais vraiment, dans l'espace infini, et m'inventais des monstres et des visages sur la queue des comètes afin de me rassurer.

Je montais la nébuleuse à la tête de cheval! Les éperons (dieu sait comment ils avaient atterris sur mes pieds) dans le flanc du nuage rougeoyant, je n'avais par contre personne à qui dire "pas assez de place pour nous deux, étranger." D'autant que de la place, j'en avais à revendre. Mais ma chevauchée fumée avait un goût de montée des escaliers en direction du Paradis. Je replaçais sur ma tête le chapeau de Céphée en direction de l'étoile polaire. Paré à ma destination finale.
J'allume ma dernière clope et je reprends le métro direction Saturne.
Bon sang de station Gambetta.



Henryspenncer, aka Valentin Féron, livre avec Saturn un vrai conte. Le concept du "space desert" rock n'est pas si dingue qu'il en a l'air puisque d'un certain côté, l'espace est un sacré désert dans son genre. Puis le son, à la fois Stoner qui grésille dans la veine ferrugineuse de Grails et spatial comme un groupe de Drone, ne nous laisse pas reprendre notre souffle une seconde. Après tout, le trajet Terre - Saturne se fait sans respirer. Dans l'espace il n'y a pas d'air. Seulement des rencontres étranges, de la puissance sonore chthonienne et aérienne, de la douceur fuyante et une sacré dose de psychédélisme occulte à la Led Zep'.

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